Secours en montagne: une raison suffisante pour faire n'importe quoi?

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Abonnée aux discussions de l’association « Mountain Forum », pour les communautés des montagnes, l’environnement et le développement durable, j’aimerais vous faire part d’une discussion qui se déroule en ce moment, parmi tant d’autres, mais surtout d’une intervention que je trouve être assez intéressante sur certains points. Je ne suis pas d’accord avec tout, mais je pense que les faits et explications relatés par cette personne, en ce qui concerne les accidents de montagnes sont bons à lire.

 

Alors pour se remettre dans le contexte, la discussion est partie sur un projet de formation  d’équipes de secours professionnelles dans l’Himalaya. Ces équipes de secours seraient des locaux formés par des professionnels du sauvetage en montagne. Ce besoin vient du grand nombre d’accidents parmi les alpinistes et Sherpas, mais aussi parmi les secouristes qui ne sont pas forcément bien formés. La question est de savoir si seule la présence d’une équipe professionnelle de secourisme permettra de réduire le nombre d’accidents. N’y a-t-il pas toute une stratégie de développement à mettre en place en plus d’une équipe de secourisme. Une autre question aussi, la mise en place d’équipe de secours est elle une priorité dans une région où les communautés ont réellement des besoins plus importants en développement.

 

Bref, voici la réponse d’une personne, que je trouve fort intéressante pour sa comparaison entre les Alpes et l’Himalaya. La réponse étant en Anglais, je me suis donner le mal de vous la traduire. Mais comme la personne qui a écrit le message est Hispanophone, il y a quelques passages difficiles à comprendre, et que j’ai donc éliminés.

 

« Pourquoi ne pas demander aux Sherpas directement ? Décider nous même de ce qui est le mieux pour eux me parait une attitude assez patronale.

 

Pourquoi ne pas faire un test. Changer l’Himalaya par les Alpes, quelques sites locaux de Chamonix, et les Sherpas par les Chamoniards. Posez la question aux villageois des Alpes et écoutez leurs réponses. Il y a un siècle, les Alpes étaient une des régions les moins développées d’Europe. Les nombreux touristes Britanniques employèrent alors les locaux comme guides de montagnes, ce qui fût le début d’une longue et passionnante tradition dans les montagnes Européennes et dans le monde. Il est bon de se rappeler que les guides de montagnes dans les Alpes, il y a de ça un siècle, étaient les servants de ces maîtres. Aujourd’hui, les guides sont les patrons de leurs clients et se voient gratifiés de respect et admiration. (Je pense qu’il veut dire par là que le fait de s’adresser à des guides locaux est une bonne alternative au développement. Que cela permettrait peut être aux guides de se rendre à un niveau égal des riches touristes. De mon point de vue personnel, étant donné la différence énorme qu’il y a entre les populations des Sherpas et les touristes concernées, on est encore loin de se trouver à un niveau égal.)

 

 

Aujourd’hui, j’ai beaucoup d’amis parmi ces guides et équipes de sauvetages en montagne. Je m’entraîne moi-même à la fédération de montagne pour le sauvetage. Je peux dire que tout le monde aime son métier. Dans les Alpes aussi, il y a des guides de montagne qui meurent chaque année, l’environnement est dangereux et les accidents arrivent. Mais jusqu’à maintenant, personne n’a laissé tomber sa profession. Les accidents arrivent aussi au sein des équipes de sauvetage. C’est l’entraînement et le savoir qui amènent à la sécurité.

 

 

Mes premières expériences se sont faites dans les Alpes et les Andes. En ce qui concerne les Sherpas, j’ai seulement pris possession des rapports venant de l’Himalaya. Je peux voir une tendance similaire dans la plupart des accidents. Une raison évidente des accidents est l’affluence accrue des grimpeurs. Plus il y a de monde dans les montagnes, et plus il y a de risques d’accidents. Une autre raison, le manque d’entraînement technique et sous estimation des risques (ou sur estimation de ses propres habilitées). Dans ce sens, la mise en place de formation et entraînement des guides locaux, Sherpas et équipes de sauvetage réduirait remarquablement le nombre de fatalités.

 

Je suis d’accord que “faire de la montagne » a perdu de son sens en devenant accessible à n’importe qui. De ce coté, je mettrais la faute sur les publicités mensongères, les quelques  expéditions commerciales, et le marché de l’ouest. De nos jours, quelqu’un qui ne sait pas parfaitement mettre des crampons a l’illusion de pouvoir penser qu’il ou elle peut monter le Mt Everest en toute sécurité. Une équipe de sauvetage n’est pas une garantie à la sécurité. Les montagnes sont plus grandes que nous ne le pensons (…).

 

En ce qui concerne les priorités au développent, j’aimerais savoir ce qu’il advient des importantes taxes que payent les montagnards pour l’ascension dans l’Himalaya. Peut être qu’il serait bénéfique d’utiliser une partie de cet argent pour la formation des locaux. 

 

J’aimerais aussi voir un Himalaya d’origine conservé pour toujours, et je suis d’accord que la sur fréquentation doit être évitée. Mais vivant dans les Alpes, je ne pense pas que nous ayons une position suffisamment forte pour pouvoir donner des leçons ou faire la morale.

Aussi, une meilleure formation et meilleure accessibilité aux savoirs dans les régions montagneuses et la mobilité des guides et sauveteurs devraient aider à la promotion d’une alternative pour un développement soucieux de l’environnement et qui permettrait de préserver l’environnement local de l’Himalaya. Après tout, les rivières traversant les villes moyennement grandes de la Suisse sont plus propres que les rivières partant des villages Himalayens. »

 

 

Publié dans La montagne

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P
My: c'est pas grave si ça déranpe, on a des équipes de secours professionelles nous!!!<br /> Yvon: très chouette les photos. Mais comment je vais avoir la tête au travail moi après toutes ces belles images....?
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Y
Les népalais commencent à prendre conscience du problème mais ce sont surtout les milliers de treckeurs qui arpentent l'himalaya à longuer d'année qu'il faudrait sensibiliser à l'environnement; il faut penser aux autres, ceux qui y vivent et ceux qui y passent.<br /> Dans 2 jours je m'envole pour Lhassa avec une petite halte, à l'aller comme au retour, à Kathmandu.<br /> J'essaierai par mes photos, de faire partager mes sentiments à la rencontre de ce peuple si traumatisé mais qui a survécu grâce à cette foi inébranlable qui le soutient.<br /> <br /> Si, comme je le pense, tu aimes les voyages, je t'invite à visiter le blog<br /> http://yvonphotos.over-blog.com/, une photo par jour tirée de mes nombreux voyages à travers le monde depuis de nombreuses années.
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M
Tttt ! c'était super sérieux et voilà, pfffuuit ! ça dérappe !
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P
Guillaume: oui en fait c'est celui de juillet, tu as raison.<br /> Chri Chri d'Adour (j'adore): tu connais le pic Rastacouère? Enfin pour le moment, je vais faire l'ascension du pic cote de provence bien frais qui sort du frigo....mais quelle chaleur.
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G
Je n'ai pas suivi la discussion sur le forum dont tu parles. Il me semble evident que la formation des populations locales aux secours ne peut etre que benefique. Ne serait-ce que pour leur propre securite quand ils accompagnent les expes en montagne... <br /> <br /> Le trek magazine de Juillet parlait aussi du Pakistan et du Karakoram... <br /> <br /> Mes amis sont revenus, j'ai vu les photos : je suis bien bien vert, quand meme... Faudra que j'aille y voir par moi-meme, un jour. L'ete prochain, celui d'apres... Mais bon, je suis en train de me dire qu'il n'y a pas que le Pakistan... Il y a aussi le Nepal, le Tibet, la cordillere des Andes... Contrairement a toi, j'ai plutot envie de partir avec des amis. En tout cas, la prochaine, je commence par le visa :-)<br /> <br /> Guillaume
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