Sianhoukville, ville au nom du Roi

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Arrivée à Sianhoukville, j’ai tracé à la guest house Marco Polo recommandée par un Colombien rencontré à Bangkok. Petite guest house sympathique. Ma chambre est grande et sommaire,  pas d’eau après 17h00. Mais ce sera mon petit coin pour deux jours, et je m’y sentirais bien, avec la terrasse juste devant ma porte. Je pars ensuite sur les plages, qui sont belles mais bordées de bars et de restos avec la musique à fond. Je rencontre Patrick, un Canadien qui fait bronzette sur un transat et à qui je confie mes affaires le temps d’aller me baigner. Nous faisons la happy hour ensemble tout en contemplant le coucher du soleil.




Autour de nous, de gros touristes dégueulasses accompagnés de belles et jeunes Cambodgiennes. Je resterais là jusqu’à ce qu’une vieille dame passe, 2 enfants en guenilles dans les bras, un regard triste et méchant qui me fait culpabiliser.  Ce regard étant trop fort, je décide de rentrer.
 

A la guest house, je rencontre Alberto qui a loué une moto. On décide de passer la journée ensemble le lendemain.
 


J’ai du mal à me lever à cause du décalage, mais j’entends Alberto qui piétine sur la terrasse. Il m’amène déjeuner au marché. Pendant qu’Alberto papote avec tout le marché, j’émerge doucement en mangeant mon croissant, buvant mon café glacé et m’enivrant des odeurs et bruits du marché.

 



Sur ce, nous partons pour le parc de Ream. Sur la route, nous nous arrêtons au bureau du parc par curiosité, et les jeunes qui font la sieste dans le bureau veulent nous taxer 2$ à chacun pour pouvoir continuer notre route. Ils nous balancent des excuses bidons qui nous font mourir de rire, que si on paye pas, on peut pas continuer sur la route (y’a plein de voitures et motos qui passent sans s’arrêter pour payer). Bref, on leur dit qu’on va faire demi tour, et pas continuer notre route. Et au dernier moment, hop, Alberto reprend la route vers le bout de la presqu’île.

 


En chemin, nous nous arrêtons dans un village, et nous amusons avec des gamins et leurs mères qui accourent vers nous. Séance d’initiation à la photo pour les gamins, sous les regards impressionnés de leurs mères, de voir leurs gamins maîtriser si vite une telle technologie….

 



Au bout de la route, en suivant une piste cabossée, nous atterrissons sur une belle plage où il n’y a personne. Enfin presque, puisqu’un Brésilien et un Français arrivent aussi en moto, un peu dégouttés de s’être fait taxer 4$ chacun au bureau du parc. Bref, c’est le pied total ici, et nous squattons un moment.

 

             Hôpital de la croix rouge, à coté de la plage où y'a personne


Sur le retour, nous nous arrêtons boire un coup dans des cases en bamboo en bord de mer, et squattons les hamacs. Là, je rencontre un Cambodgien qui a fui aux Etats-Unis en 1975 alors qu’il avait 17 ans. Il travaillait alors à la base militaire de Ream. Il se trouvait en mer quand les Américains lui ont dit que ça se passait mal dans le pays. On leur a proposé d’aller chercher leur famille et partir. Ils sont donc partis en bateau sans savoir quelle était leur destination. Finalement, ils ont débarqué aux Philippines, où on les a fait embarquer en avion pour les Etats-Unis. Là, on s’est occupé d’eux, et cet homme travaille maintenant pour le gouvernement Américain à Portland. Quand il est revenu au Cambodge, à Ream, 23 ans après, il a cherché les gens qu’il connaissait, ses amis. Tout le monde avait disparu et de nouvelles personnes s’étaient installées au village. Ses yeux sont tristes quand il me raconte cela, le regard perdu vers l’horizon de la mer. Il me dit qu’il culpabilise pour ces gens, ses amis qui sont restés et sont sûrement morts. Mais il ne pouvait pas emmener tout le monde. Il me dit que sa tête est pleine de souvenirs et que c’est dur de revenir. Je suis très émue par ce premier témoignage du passé douloureux du pays. Je ne comprends pas tout, car je ne sais pas encore exactement ce qui s’est passé. Par la suite, j’en apprendrais plus, et comprendrais mieux.


Nous rentrons, et je ne dis pas un mot à Alberto qui a compris mon silence.

 

Bon, Sianhkouville, c’est bien pour le tourisme sexuel et les belles plages, mais comme ce n’est pas mon dada. Heureusement, avec Alberto, nous sommes partis vers les beaux paysages du parc de Ream, et avons déliré avec une vieille Khmer sur la plage, tout en contemplant le coucher du soleil.




Sinon, cet endroit ne m’a pas impressionnée ni séduite.

Publié dans Cambodge

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