Guara, retour vers le futur!
El dolfin, Rodellar
Pour les 60 ans de mon père, nous avons décidé de retourner sur ce lieu de prédilection qui nous est cher à tous. La Sierra de Guara, Rodellar. Nous y avons trainé nos couches pampers, essuyé nos premières peurs de se jeter dans le vide, nos premiers chocs thermiques à passer des heures dans l'eau glacée, nos premières cuites....bref, un lieu qui détient pas mal de nos souvenirs.
Toutes petites, nous partions là bas. Mon père descendait les canyons avec un pull marin, et combien de fois je l'ai vu rentrer les lèvres complètement bleues, à des heures pas possibles où la nuit commencait déjà à tomber. Maintenant, tout le monde est super équipé, on dirait des cosmonautes qui partent descendre des canyons. C'est à celui qui se la pètera le plus.
Enfin bon nous, on était morts de rire, en les voyant passer avec tout leur matos, et se rappelant le bon vieux temps. L'équipe des Christians un dos tres, c'était plutôt folkorique à chaque fois. Les combis, ils connaissaient pas. Plutôt les pulls marins. Parmi l'équipe, Alvaro, le patron du camping, très fort en canyons, mais qui ne savait pas nager. Donc, il partait avec son gilet de sauvetage et ses brassards. C'est pas fort en cacaco ça?
Mais bon, à chaque fois qu'ils partaient descendre un barranco, on était jamais trop tranquilles non plus. Alors on attendait devant le bar de chez Carmen ou alors chez Maritxu chez qui on allait manger des vaches qui rient. Chez Maritxu en plus, y'avait toujours du monde, vu que Alvaro, le patron du camping y avait son magasin d'artisanat.
Bon donc devant chez Carmen, on regardait rentrer les beaux montagnards en on attendant le retour de mon père. Et ce qui était bien c'est que dès qu'il arrivait, on avait droit à notre glace, et eux.....leur porron de bière. Parfois, ça finissait très tard, mais qu'est ce qu'on se marrait, surtout pendant les fêtes de Rodellar. Et puis c'était super tranquille, y'avait personne, nous les enfants, pouvions faire ce que nous voulions, nous promener seules, pas de problèmes.
Au camping, c'était tout aussi folklorique. D'abord c'était tout petit. Et puis les chiottes, je m'en souviendrait toute ma vie. En fait, valait mieux aller dans les chachis que dans les chiottes. Une cabane en bois avec une fosse. Ca puait à trois kilomètres et tout le monde allait caguer partout sauf dans les chiottes. Et puis bien sûr, pas de douches, on descendait au Mascun pour se laver.
Bon mais depuis, le camping s'est modernisé. Et ce n'est pas un mal. La fréquentation s'est modernisée aussi. Ca fait bizarre. Et puis le lieu est très prisé par les grimpeurs, ce qui n'est pas un problème en soit. Sauf que avant, les montagnards venaient avec leur famille, leurs gosses ou leurs femmes. Maintenant, les grimpeurs viennent avec leurs troupeaux de chiens. Une nouvelle mode. Personne dans le village n'arrive à nous l'expliquer. Au pied des voies, il y a autant de chiens que de grimpeurs.
Carlos, le fils de Carmen, les appèle les 3P. Perros, purros y pulgas (chiens, pétards et puces). Et pourtant il en a vu du monde, et il les cotoye.
Bon voilà, c'est un peu dommage qu'il y ait autant de monde, autant de bordel, autant de m'as tu vu et surtout m'as tu entendu....moi je, moi je......OUAIS ben mon père en pull marin d'abord!
Mais bon, el Dolfin était toujours là, fidèle au rendez vous.